Frédérique Jossinet : « Le sport peut changer le monde »

14 mai 2024

Cette championne de judo expose à la Samaritaine, dans le cadre des « Légendes Mondiales du Sport », son kimono porté à Athènes 2004. Elle évoque son engagement pour le sport, son lien avec la Samaritaine et sa passion pour l’uniforme.

Comment est née votre passion pour le judo ?

C’est arrivé assez tôt. Mon plus jeune frère faisait du judo et moi de la gymnastique. Quand j’avais fini mon cours, je descendais au Dojo pour regarder, jusqu’au jour où le professeur m’a demandé si je voulais venir sur le tatami. J’ai mis un pied dessus et je n’en suis jamais repartie. J’avais 8 ans. Ce qui m’a tout de suite plu, c’est le cérémonial, et l’uniforme qui allait avec cet art martial.

Et plus tard ?

À 15 ans, j’ai été détectée par la Fédération Française de Judo. Je suis passée à ce moment-là dans un autre monde, celui de la professionnalisation, de la performance, avec des modèles en tête comme David Douillet, Marc Alexandre et des athlètes féminines. Grâce à eux, j’ai eu envie de devenir championne, de parcourir le monde et de monter sur les plus beaux podiums.

Le kimono que vous portiez à Athènes 2004 est exposé ici. Quel rapport avez-vous aux objets liés aux compétitions, et à celui-ci plus particulièrement ?

C’est le kimono de ma médaille ! Une pièce exceptionnelle, comme la ceinture. Et puis Athènes a une telle histoire, une culture sportive au sens large… Une saveur particulière. C’est un objet qui a beaucoup de valeur et en même temps qui n’en n’a pas parce qu’il est inestimable, unique.

Que retenez-vous de cette épreuve ?

Je me souviens que tout est allé très vite ! On met des années entières à se préparer, pour performer sur un moment précis. Cela demande de la patience. Je n’ai pas eu l’or mais c’était le premier podium pour la délégation olympique française. C’est un souvenir assez extraordinaire. Marie-José Pérec m’a ouvert la porte de la voiture pour m’amener au Club France et fêter la médaille avec toute la délégation. Jamais je n’ai retrouvé une émotion pareille ! J’ai eu d’autres médailles ensuite, mais les émotions ressenties sur les premiers titres sont uniques. Comme ce kimono finalement, tout se rejoint !

Vous êtes chargée du football féminin depuis 2014, vous avez été conseillère au cabinet de la Ministre des Sports, entraîneur, commentatrice d’épreuves de judo… Vous aimez le sport sous toutes ses formes ?

Oui, je suis une militante du sport ! Il m’a éduquée, façonnée, m’a permis de découvrir des pays et des cultures différentes. Sans le sport, je ne serais pas là où je suis ni qui je suis aujourd’hui. Mon grand-père était semi pro de football, il jouait au Red Star, ça faisait sens que je devienne directrice du foot féminin… Au Ministère, j’accompagnais le suivi socio-professionnel des athlètes, pour les aider à penser à la suite. Et puis être commentatrice était une évidence, comme entraîneur. Quand on est athlète, on ne pense qu’à soi, et quand on est entraîneur c’est l’inverse, on donne tout à ses athlètes. Ça m'a permis de faire le « deuil » de ma carrière sportive pour passer à autre chose.

Quel regard portez-vous sur l’exposition « Les Légendes Mondiales du Sport » à la Samaritaine ?

C’est l’exposition du siècle pour moi ! Je fais partie des gens qui pensent que le sport peut changer le monde. Il fédère, et peut faire avancer les sociétés. Cette exposition va dans ce sens, avec des objets exceptionnels, portés par des hommes et des femmes qui ont marqué l’Histoire.

Qu’incarne la Samaritaine pour vous ?

J’allais à la Samaritaine avec ma grand-mère, donc ce grand magasin incarne ma jeunesse ! Ensuite, quand j’ai commencé à gagner un peu d’argent en tant qu’athlète, c’est moi qui l'emmenais. Mes grands-parents ont énormément compté dans mon parcours de sportive, ils ont toujours été là. La Samaritaine évoque ces moments de partage privilégiés avec ma grand-mère. Quand j’ai su que l’exposition allait être ici, je me suis dit qu’il n’y avait pas de hasard. C’est un clin d'œil très personnel.

Aujourd’hui, quel est l’uniforme qui vous ressemble le plus pour tous les jours ?

J’aime la mode et m’approprier les tendances. Ça reflète ce qu’on est ou ce qu’on aimerait être, le style traverse les âges et les moments de la vie. J’aime les tenues simples, élégantes, pour tous les jours. Et j’ai une passion pour les baskets, mais pas n’importe lesquelles !

La campagne de cet été à la Samaritaine célèbre les sportifs de tous les jours. De votre côté, qu'y a-t-il de plus sportif dans votre quotidien ?

Sans hésiter, mon fils de 4 ans et demi ! J’ai eu la chance d’avoir un petit garçon, mais tard, après une longue carrière sportive. C’est une nouvelle vie, ça prend beaucoup d’énergie ! J’ai beau avoir été une athlète, je n’ai plus la même force qu’avant, et j’ai d’autres fonctions en plus de celle de maman. Tous ces volets de ma vie prennent beaucoup de temps !